Interview de Carolane DUMOULIN (assistante sociale)

Quelles sont les qualités que doit posséder un coordinateur ?

Selon moi, un coordinateur doit avant tout être à l’écoute du patient et de ses proches.

Il doit pouvoir faire preuve d’empathie et pouvoir accompagner les personnes sans jugement.

En effet, il est important d’avoir conscience que la mise en place d’aides n’est pas une démarche évidente, surtout pour une personne ayant toujours été très active et très autonome.

La mise en place d’une structure de services et de soins est donc un processus qui doit se faire en respectant le rythme du patient, mais aussi, en étant à l’écoute de ses éventuelles craintes.

Je pense aussi que nous devons être en mesure de voir une situation dans sa globalité. Certes, notre priorité est la sécurité du bénéficiaire mais celle-ci ne «fait pas tout».

Lorsque nous nous rendons au domicile, nous veillons à rester attentifs à tous les besoins. Si la personne est confrontée à des difficultés n’ayant pas pour thème le maintien à domicile, nous relayons les besoins aux services compétents, en veillant au bon suivi des démarches.

Enfin, je pense que la principale mission du coordinateur est de préserver l’autonomie du patient.

Pour cela, l’ASBL Cosedi veille à rendre le bénéficiaire acteur de son parcours. Notre intervention consiste à accompagner la personne et non à agir spontanément en son nom et à sa place.

Rappelons que la mise en place d’aide permet un appui, un soutien, mais n’a pas pour but de rendre dépendant le patient.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées sur le terrain ? Quelles sont tes satisfactions personnelles en tant que coordinatrice ?

Parfois, le bénéficiaire n’a pas conscience des risques qu’il prend ou n’est tout simplement pas prêt à demander de l’aide ou encore à laisser une personne entrer dans son intimité.

D’une part, notre rôle est de sensibiliser le patient, tout en respectant ses émotions et appréhensions. Nous devons alors avancer pas à pas, à son rythme.

D’autre part, nous devons aussi rester à l’écoute des familles et parfois, jouer un rôle de médiation.

Dans ce type de situation, ma satisfaction personnelle est d’avoir pu rester à l’écoute du patient et d’avoir respecté ses choix, quels qu’ils soient.

Lorsque ce patient revient vers notre service en souhaitant entreprendre des démarches, c’est là que notre travail prend tout son sens. J’apprécie alors le fait que cette personne ait pris la décision de son plein gré, en pleine conscience et en étant en accord avec ses propres besoins.

De plus, nous rencontrons de plus en plus de situations où les patients présentent des troubles ou pathologies psychiatriques, d’autres font face à des problèmes d’assuétudes, de pauvreté, ou encore de maltraitance.

Ce type de situations nous demande d’adapter notre prise en charge et notre manière d’aborder les choses.

C’est d’ailleurs pour cette raison que notre équipe de coordinateurs se forme continuellement par rapport à diverses problématiques rencontrées sur le terrain.

Existe-t-il une collaboration avec les médecins généralistes ?

Le médecin généraliste est un pilier central de notre intervention.

Nous faisons régulièrement appel à son expertise, avec l’accord du patient, afin d’avoir un regard médical sur la situation.

Lors de ces échanges, chacun a la possibilité de relayer ses observations dans le respect du secret médical.

La coordination permet la création d’une réelle structure autour du patient.

Il est donc nécessaire que le médecin généraliste, qui est bien souvent une personne de confiance pour le bénéficiaire, soit un maillon de la chaîne.

L’objectif de cette collaboration est de faire en sorte que le patient soit en sécurité et que tous ses besoins soient respectés.

De plus, il arrive parfois qu’une situation au domicile évolue brusquement et que des inquiétudes surviennent.

Ce type de situation demande parfois au coordinateur de réunir tous les prestataires d’aide et de soins gravitant autour du patient.

Ces concertations permettent alors que chaque prestataire actif au domicile puisse prendre connaissance de la situation, faire à nouveau part de ses observations et de ses remarques.

C’est donc un véritable travail synergique qui se met en place autour du patient, toujours dans le respect de ses besoins et de ses choix.

Il est donc important que les médecins généralistes et les prestataires aient connaissance des missions des centres de coordination.

À cette fin, nos coordinateurs effectuent un travail de prospection et d’information auprès de ceux-ci, notamment en leur faisant parvenir régulièrement notre documentation.

De façon générale, de quoi tenez-vous compte dans la détermination globale des besoins d’une personne ?

Lorsqu’un bénéficiaire sollicite notre intervention, nous privilégions les rencontres à son domicile.

Cette démarche nous permet de constater, entre autres, si le lieu de vie est adapté à sa situation.

Nous prenons ensuite le temps d’écouter la réelle demande ainsi que ses difficultés.

Il peut parfois s’agir d’une aide pour les courses, pour l’entretien du domicile,…

Toutefois, nous évaluons le besoin dans son ensemble et veillons aussi à aborder d’autres questions telles que : la mobilité, la sécurité, la préparation des repas,… mais aussi le bien-être psychologique de la personne.

Nous pouvons orienter le patient vers des services spécifiques qui proposent par exemple un soutien psychologique ou tout simplement, lui communiquer diverses activités adaptées à sa situation dans la région où il réside.

Le bien-être étant notre priorité, nous pouvons aussi proposer les services d’un coiffeur à domicile ou encore, le passage de bénévoles pour prendre le temps de discuter.

Une des missions du coordinateur est de créer un réseau autour de la personne.  Nous veillons dès lors à collaborer avec des prestataires de qualité.

Comment vois-tu l’avenir de la fonction ?

Selon moi, notre métier est voué à évoluer et à être toujours plus sollicité.

En effet, de plus en plus de personnes sont confrontées à une perte d’autonomie, temporaire ou définitive.

Grâce au panel de services d’aides et de soins qui ne cesse de s’agrandir, davantage de patients auront la possibilité de rester au domicile en toute sécurité.

De plus, notre société voit le vieillissement de la population s’accentuer.

Les Maisons de repos et de soins (MRS) doivent elles aussi prendre davantage de dispositions face à cet effet et se médicalisent toujours plus. Un patient en perte d’autonomie mais en bonne santé peut donc rencontrer des difficultés à entrer en MRS, que cela soit dû au manque de place mais aussi par souhait de rester dans une maison emplie de souvenirs.

La coordination de soins et de services à domicile tend donc à être de plus en plus connue et est plus utile que jamais.